Entretiens avec : Arna Mer Khamis, Nawal Al Saadawi, Lea Tsemel, Michal Schwartz - 145 pages
Le vĂ©cu et lâengagement des femmes qui sâexpriment dans ce livre Ă©vitent les clichĂ©s car leur « fĂ©minisme » repose sur la conviction que la meilleure relation entre hommes et femmes ne peut se fonder que sur lâĂ©galitĂ© et le respect mutuel. Il est en effet impossible pour ces femmes de dissocier les idĂ©es des pratiques qui donnent sens Ă leur vie dans une rĂ©gion Ă©largie â le Moyen-Orient â qui sâavĂšre dâune importance clĂ© pour lâavenir proche. De leurs tĂ©moignages, il ressort que la domination que subissent les femmes dans le monde n âa pas son origine dans la ou les religions. Qu âil soit chrĂ©tien, juif, musulman ou autre, le systĂšme de croyances religieuses cautionne cette domination et lâinstrumentalise Ă des fins politiques. Certaines ambiguĂŻtĂ©s doctrinales des textes « sacrĂ©s » permettent Ă©galement dâavancer lâidĂ©e que les religions pourraient sâadapter aux chanÂgements des relations entre les sexes. Il suffit dâobserver la gĂ©omĂ©trie variable de la domination masculine selon les conjonctures sociales et politiques pour comprendre que la religion ne fait que reflĂ©ter des relations de pouvoir tout Ă la fois socio-Ă©conomiques et sexuelles.
Ce livre est une reconnaissance des femmes qui luttent dans des conditions qui dĂ©passent largement en gravitĂ© celles des EuropĂ©ennes. Pourtant la lutte est la mĂȘme et, malgrĂ© une libertĂ© apparente en « Occident », on ne peut prĂ©tendre ĂȘtre en avance dans la marche vers lâĂ©galitĂ©.
Lorsque lâon pense Ă Christiane, ce nâest pas une, mais plusieurs choses qui viennent Ă lâesprit Câest dâabord sa passion pour lâautre rive de la MĂ©diterranĂ©e et ses cultures. Elle y a vĂ©cu, travaillĂ© et créé⊠Et cette passion pour les pays du pourtour mĂ©diterranĂ©en ne sâest jamais Ă©teinte. Et câest ici son engagement, fĂ©ministe, libertaire, associatif, syndicaliste. Et lĂ aussi, lorsquâelle sâengage, câest avec ardeur. Son Ă©mission sur Radio libertaire lui permet de donner la parole Ă celles et ceux dont on n âentendrait pas la voix sâil n ây avait que les radios officielles. Dans les « Chroniques rebelles », on entend des artistes, des Ă©crivaines, des fĂ©ministes, des historiennes, des cinĂ©astes, des Ă©diteurs et Ă©ditrices⊠engagĂ©-es ou non, car lâouverture dâesprit est essentielle pour elle. Christiane est Ă lâĂ©coute des autres, curieuse de la diversitĂ© des cultures et des opinions. Et ces entretiens avec Arna Mer-Khamis, Nawal Al Saadawi, Lea Tsemel et Michal Schwartz en sont une belle illustration.
Mydia Portis-Guérin, réalisatrice France Culture
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