Pour le bien de la révolution
Deux volontaires suisses miliciens en Espagne, 1936-1937
Albert Minnig, Edi Gmür
Éditeur : CIRA
Un gamin a sauté à l’avant du tram, un baluchon sur le dos, dépeigné et crasseux.
II salue à voix haute : "Salud camaradas ! " Le chauffeur lui rend son salut et le regarde un instant, puis entame la conversation : "Bon dieu, que tu es sale", dit-il. "Bah, ça n’est pas dangereux", répond le garçon. "Si, si, si tu veux être anarchiste, tu dois te laver tous les jours. Ça fait partie du caractère révolutionnaire ; c’est seulement alors que tu auras le droit de nous appeler camarades.
" Le garçon opine du bonnet, et au milieu du trajet notre tramelot s’arrête et envoie le gamin se laver à la fontaine. Le petit merdeux commence par refuser, mais le tramelot a de l’énergie à revendre. Le tram attend patiemment, et il ne viendrait à l’esprit d’aucun des voyageurs de réclamer. Une fois le garçon lavé, trois minutes après, il remonte dans le tram en disant : "Gracias companeros !" et on reprend le chemin de la ville.
Les Espagnols sont gentils avec grands et petits, et surtout ils ont toujours du temps.
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